On connait Virginie Despentes pour ses bouquins et ses positions féministes, mais un peu moins pour son intérêt pour l’ésotérisme.
En collaboration avec l’illustratrice La Rata, elle sort en 2022 l’Oracle Rock, dont elle écrit les textes du livret, et notamment l’introduction. A travers le récit de son propre parcours, elle y interroge son rapport aux cartes et délivre une vision sensible et posée de cette pratique.
Loin des clichés accolés aux diseuses de bonne aventure, pour Despentes (comme je pense pour beaucoup d’entre nous), le tarot est bien plus qu’un outil divinatoire, c’est un révélateur. Support du sens qu’on leur donne, les cartes sont avant tout un langage, une façon de communiquer de soi à soi. Dans cet espace clos aux logiques mentaleuses, on se laisse porter par son intuition pour faire émerger la libre association d’idées, et trouver de quoi se (ré)conforter.
Despentes raconte également le processus de création de cet oracle et comment les choix des cartes se sont opérés. Si les deux créatrices ont intégré les figures marquantes du Rock et de la Pop, le jeu final est loin d’être édulcoré, pris dans l’ambivalence des plus grandes gloires et des facettes les plus sombres du genre musical, parce que le tarot est à l’image de nos vies, des moments de joies et de merdiers.
Alors, quel intérêt à se tirer les cartes ? Dans ce geste intime, qu’il soit thérapeutique ou purement ésotérique, c’est un appui, source des conseils que soi-même l’on se crée. Cependant, croire en une certaine magie en consultant des oracles n’empêche pas de faire preuve de discernement, et comme le dit Despentes, qui aborde la pratique autant avec sérieux que détachement : “Il a pour vocation d’être un truc marrant dans ton parcours - en aucun cas un guide suprême”.
L’ORACLE ROCK
Noémie Delfine