L’ÉCOLOGIE DES PRATIQUES

Isabelle Stengers est une philosophe belge qui a développé le concept d’”écologie des pratiques” (Cosmopolitiques, 1997), c’est-à-dire les manières qu’ont différentes pratiques de coexister et interagir.

Toute pratique s’exerce dans une réalité qui lui est propre, avec ses règles, ses visions, ses champs d’intervention. Et adhérer à l’une revient souvent, parfois, à disqualifier les autres. Pour autant, une pratique n’existe ni seule, ni envers et contre tout, elle est simplement une parmi d’autres.

Ainsi, admettre la pluralité des pratiques, c’est reconnaître qu’il y a d’autres façons d’aborder le monde, des façons qui font sens dans un ailleurs, même si celui-ci peut parfois nous échapper.

Concernant le soin, on retrouve notamment les classiques oppositions entre les approches dites allopathiques et alternatives (ces dernières semblant subir sans discernement les chasses aux sorcières face aux accusations de charlatanisme, de dérives sectaires ou capitalistes). Mais dans une perspective d’écologie des pratiques de soin, l’idée est de sortir des théories prêt-à-penser issues des sphères actuellement dominantes, de décentrer notre regard et de considérer chaque pratique comme ayant droit à résonance. C’est un processus qui repose sur l’appréciation et l’articulation des différences, desquelles peuvent émerger d’autres voies d’évolution.

Bien sûr, cela ne veut pas dire que l’on doit tout légitimer et s’abstenir de tout regard critique, mais cela permet de s’affranchir des hiérarchies, de rétablir une sorte d’égalité entre les pratiques qui soit propice à la création de nouvelles interactions, parfois complices parfois confrontantes, mais toujours respectueuses de l’existence de chacune.

Noémie Delfine

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