Se définissant elle-même comme “poète, noire, lesbienne, féministe, socialiste, mère, guerrière”, l’autrice et militante américaine Audre Lorde a fait des injustices sociales le combat de toute une vie. Atteinte d’un cancer, elle écrit : “Prendre soin de moi-même ne relève pas de l’indulgence personnelle, mais de la préservation de soi, et c’est un acte de guerre politique” (A Burst of light, 1988).

Elle s’inscrit ainsi dans l’histoire radicale du “self-care” (littéralement “soin de soi”) qui a débuté dans les années 60 aux États-Unis. À cette époque, les mouvements des droits civiques et de libération des femmes cherchent à se réapproprier la santé pour s’émanciper d’un système médical encore raciste et patriarcal. Ils établissent ainsi un lien direct entre des oppressions et les corps des individu·es. De nombreux groupes s’auto-organisent alors pour créer des espaces d’accès aux soins plus inclusifs.

En France, les luttes féministes des années 60-70 porteront des revendications similaires, génératrices d’expériences collectives permettant aux femmes de se réapproprier leur corps. À travers le partage de leurs vécus et de savoirs médicaux, elles se forgent ensemble de quoi se défendre face aux violences patriarcales.

Aujourd’hui, alors que le taux de pauvreté augmente, que les scandales à la #metoo explosent, que des gens se font tuer à cause de leur couleur de peau, il est urgent de reconsidérer le bien-être (physique, mental, émotionnel) comme un outil de changement social dont on doit s’emparer collectivement.

Parce que se sentir bien et en sécurité est un droit fondamental pour chacun·e d’entre nous.

LE SELF-CARE

Noémie Delfine

Précédent
Précédent

La notion de soin transcende la dimension strictement médicale de la santé. S’adressant autant...

Suivant
Suivant

S’arpenter soi comme on part en pèlerinage S’aventurer chaque matin avec la seule intention de...