Et si au lieu d’“être” soi-même, on essayait plutôt de se “créer” soi-même ?

Face à la quête contemporaine du retour à soi-même (qui laisse supposer l’existence d’un soi authentique perdu), le sociologue Philippe Corcuff défend la création de soi comme un processus s’appuyant aussi bien sur notre vécu, que sur des rencontres, les hasards de la vie ou encore notre propre inventivité. La démarche n’est donc plus strictement individuelle et égocentrée, mais invite à se laisser traverser par le vivant et l’environnant.

Bien sûr, il ne s’agit pas, en se créant, d’entamer une quête de perfection artistique pour s’ériger en œuvre d’art. Corcuff préfère donc la notion de “bricolage de soi” (Pour une spiritualité sans Dieux, 2016) : “Je pense en particulier à mon grand-père, Ferdinand Luglia, ouvrier qui, en bricolant et en inventant parfois des objets étranges sur le petit établi de son HLM près de Bordeaux, s’inventait lui-même”.

Car c’est là, dans le mouvement et la matière, dans le quotidien et l’ordinaire des choses, que l’on peut se construire. Au milieux des échardes, se raboter et s’assembler.

LE BRICOLAGE DE SOI

Noémie Delfine

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Exhumer nos fragilités, lézardes sur le bord de nos cœurs, non pas pour les brandir en...

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Panser l’intime comme on fait de la broderie, Sur un vieux linge blanc, jauni et troué par le...